Se préparer à l'écriture et à la lecture dés la maternelle à l'aide de la méthodologie Montessori. Les étapes du développement de l'écriture.
Enseignant référent

La préparation des jeunes enfants à l’écriture avec Montessori

Comment se préparer à l’écriture dés la maternelle ?

Écrire c’est exprimer ce que nous avons dans la tête et le rendre visible. En effet, il faut que quelque chose soit écrit pour être lu. C’est donc grâce à l’écriture qu’il y a une trace de l’humanité car c’est après l’écriture que nous pouvons aborder la pensée de l’autre par la lecture.

« L’expérience m’a amenée à faire une différence bien nette entre l’écriture et la lecture, et m’a démontré que les deux acquisitions n’étaient pas absolument simultanées ; l’écriture, quoique cela contredise le préjugé, précède la lecture. » Pédagogie scientifique : Tome 1, La maison des enfants – pédagogie Montessori

Cependant, pour écrire l’enfant doit être préparé à plusieurs niveaux. Au niveau physique, l’enfant doit être préparé à la tenue et au déplacement du crayon mais aussi à l’écoute des sons. Mentalement, il doit avoir développé ce qu’on appelle la conscience phonologique c’est-à-dire que chaque lettre correspond à un son mais aussi avoir classé ses images mentales et être capable d’y associer un nom. Puis au niveau psychologique, pour écrire, il faut avoir quelque chose à exprimer et être capable de l’exprimer.

L’enfant doit donc avoir confiance en lui et avoir une capacité d’indépendance et d’autonomie assez importante. Cela passe par notre écoute et notre attention auprès des enfants qui nous parlent, à leur écoute quand nous leur parlons mais aussi notre vigilance à reformuler leurs paroles quand elles nous semblent peu cohérentes. Et enfin, l’enfant a besoin d’un modèle humain qui lui donne envie et qui fasse sens pour lui.


LA PRÉPARATION INDIRECTE À L’ÉCRITURE

Ce sur quoi Maria Montessori insiste c’est sur le fait de renoncer aux exercices graphiques. Elle conseille plutôt de travailler en amont sur des activités qui déconnectent l’acte graphique de l’expression. Elle explique que : « La préparation de l’écriture se fait sans écrire. L’enfant n’écrit pas pendant cette préparation. C’est au moyen de divers exercices, chacun indépendant des autres que les coordinations nécessaires sont fixées. » (Maccheroni, A.M., Opus Cité, p.3).
Cette préparation commence avec les exercices de vie pratique comme par exemple visser/dévisser un écrou. L’enfant prépare sa main à la préhension d’un crayon et il prépare la souplesse de son poignet nécessaire à l’écriture.
Puis cette préparation continue avec le matériel sensoriel. Par exemple, avec les tablettes rugueuses, la légèreté du tracé nécessaire à l’écriture cursive va se développer. Et avec la saisie des boutons de préhension des emboitements cylindriques, des puzzles de géographie et des cabinets, la pince pouce/index nécessaire à la tenue d’un instrument d’écriture va être travaillée.

De plus, le matériel sensoriel prépare aussi l’enfant à l’écoute notamment avec les boîtes à bruits et les clochettes. Ensuite, l’utilisation d’un instrument d’écriture sera introduit indirectement avec le cabinet de botanique quand l’enfant suivra le contour des feuilles avec un petit bâtonnet mais aussi avec les puzzles de géographie quand l’enfant utilisera des crayons pour dessiner ses cartes.
En langage cette préparation indirecte de l’enfant à l’écriture passera par l’enrichissement du vocabulaire car c’est ce qui fonde sa sécurité de scripteur et de lecteur. En effet, l’enrichissement du vocabulaire qui ne consiste pas qu’à emmagasiner du vocabulaire se fait tout au long de la vie et donne confiance à l’enfant scripteur puis lecteur.

Le premier matériel de langage est l’éducateur. Il doit donc avoir un discours adressé à l’enfant, parler à l’enfant avec une intention (s’approcher, se regarder, parler). Il doit aussi avoir un langage respectueux de l’enfant, de ses parents,
de ses collègues mais aussi un langage riche et précis sans oublier d’introduire un peu de silence dans son discours et d’économiser la parole.
Ensuite, pour chaque activité, dire le nom des objets qui composent le matériel contribue à enrichir le développement lexical de l’enfant. Les saynètes de grâce et courtoisie sont par exemple aussi un moyen de développer un vocabulaire précis en particulier pour le développement social. Les leçons de langage avec le matériel sensoriel développent également le registre conceptuel de l’enfant.


LA PRÉPARATION DIRECTE À L’ÉCRITURE

La préparation directe à l’écriture se fait par l’exploration du langage parlé. L’enfant doit d’abord prendre conscience et analyser que chaque mot du langage est composé de différents sons. C’est à travers le jeu essentiel d’analyse des sons que les enfants de la Maison des Enfants vont, petit à petit, comprendre que les mots sont composés de différents sons. Ce jeu est à faire tous les jours jusqu’à ce que l’enfant soit capable de trouver n’importe quel son de n’importe quel mot. Ce jeu fait donc la passerelle entre la préparation indirecte et la préparation directe à l’écriture et la lecture et peut être complété de comptines, jeux renforçant la conscience des sons.
Puis, cette préparation à l’écriture passe évidemment par la préparation de la main à la tenue du crayon. Ce sont les formes à dessins que nous proposons afin de développer l’exactitude du trait et l’assouplissement de la main.
« La tenue du porte-plume se fera de plus en plus assurée, non pas par d’exercices répétés d’écriture, mais par ce remplissage de dessins linéaires. Les enfants se perfectionneront dans l’écriture sans écrire. » (Montessori, M. (1958) Pédagogie scientifique T.1, Paris, DDB, 2010, .p.150)
La clé de compréhension et d’exploration suivante que nous donnons aux enfants est le fait que chaque son a une représentation. Et c’est donc là qu’arrivent les lettres rugueuses sous la formes de leçon en trois temps en mobilisant le sens tactile par le toucher de la lettre permettant à l’enfant de mémoriser à la fois sa forme et sa sonorité.
« Les signes de l’alphabet tels que nous les, donnons aux enfants sous forme d’objets distincts et maniables agissent comme des stimulations qui suscitent une activité consciente vis-à-vis du langage articulé acquis antérieurement de manière consciente. » (La formation de l’homme – pédagogie Montessori
« C’est la sensation tactile qui conduit la main à exécuter le geste qui se fixera ensuite grâce à la mémoire musculaire. Quand la maîtresse fait voir et touche la lettre de l’alphabet, les sensations visuelles, tactiles et musculaires interviennent simultanément, l’image du signe se fixe alors en un temps bien plus bref que la seule image visuelle (…) s’il ne reconnaît pas la lettre en la regardant, il la reconnait en la touchant. » (Montessori, M. (1958) (2004) Pédagogie scientifique T1, Paris DDB 2010, p.165)
Ensuite, quand l’enfant a ces clés, il peut écrire phonétiquement avec le premier alphabet mobile. Il peut enfin penser à un mot ou à une phrase et l’écrire. Il lui «suffit » d’analyser les sons du mot et chercher les signes graphiques correspondants aux sons qu’il identifie dans les mots et les positionner dans l’ordre. On assiste donc à une explosion de l’écriture car l’enfant peut rendre visible sa pensée et prend conscience qu’il sait et qu’il peut tout écrire.
« Composer des mots et les écrire facilite l’apprentissage de la lecture (…) Les activités d’écriture et de composition de mots, à la main ou à l’aide de lettres mobiles, où l’enfant joue un rôle actif et créatif devraient être pratiquées tous les jours » (Apprendre à lire: Des sciences cognitives à la salle de classe)
L’enfant qui, maintenant, écrit, va pouvoir compléter sa compétence en écrivant sur une ardoise puis sur différents support de façon régulière ce qui facilitera l’apprentissage de la lecture.

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