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Qui était Jean Itard ?

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Le professeur Jean Itard éminent en psychologie française qui est connu pour son travail révolutionnaire avec les enfants sourds-muets et sauvages au début du XIXe siècle. Il a développé une méthode d’éducation novatrice basée sur la communication verbale et gestuelle, ainsi que sur l’observation attentive des comportements individuels des enfants. Le travail de Dr Itard était innovant pour son temps et reste pertinent aujourd’hui dans diverses disciplines pédagogiques. Bien que sa méthode n’ait pas complètement réussi, elle a eu un impact significatif sur le développement futur des méthodes d’éducation spéciale et reste encore étudiée aujourd’hui. Zoom sur le parcours édifiant de ce docteur t hors du commun et pourtant méconnu.

Biographie de Jean Itard

Le Dr Jean Itard est né le 24 avril 1774 à Oraison, dans la vallée de la Durance. 

De son nom complet Jean-Marc-Gaspard Itard, il était médecin, chirurgien dans la marine et intéressé par la science naissante de la «médecine mentale» ou psychiatrie.

 À 26 ans, il est tombé sur un cas étrange, celui de l’enfant sauvage de L’Aveyron, qui a changé sa vie.

François Truffaut, en 1960, porte l’histoire au cinéma avec son film L’enfant sauvage, avec une photographie de Néstor Almendros. 

Les recherches de Jean Itard

Le Dr Jean Itard a écrit ses découvertes et ses recherches, qui ont inspiré Edouard Séguin, son disciple et qu’il a encouragé à travailler avec des enfants handicapés mentaux.

À son tour Maria Montessori, plus d’un siècle plus tard, a suivi ses traces et ses écrits et aujourd’hui c’est une référence mondiale dans le domaine de l’éducation. 

Cependant, dans la plupart des livres d’histoire de la pédagogie, ni le Dr Jean Itard ni Séguin ne sont nommés.

Itard a développé dans ses écrits toutes les recherches, avec ses succès et ses erreurs, ses doutes et ses interrogations. 

Les méthodes utilisées par Itard reposaient sur les principes de l’imitation, du conditionnement et de la modification des comportements, ce qui le positionnait à la pointe de son temps et le conduisit à inventer de nombreux mécanismes pédagogiques encore utilisés aujourd’hui. 

En fait, le Dr Jean Itard a affiné les techniques qu’il avait utilisées avec Victor, devenant un pionnier de l’éducation spéciale.

 Le garçon a fait des progrès remarquables: il a appris les noms de nombreux objets et était capable de lire et d’écrire des phrases simples, d’exprimer des souhaits, de suivre des ordres et d’échanger des idées.

 Il a montré de l’affection, en particulier envers la ménagère d’Itard, Madame Guérin, ainsi que des émotions de fierté, de honte, de remords et un désir de plaire.

Jean Itard et son intérêt pour les enfants sauvages

L’intérêt des experts, pédagogues, médecins et psychologues à socialiser ces enfants est un phénomène courant dans le monde. 

Ce doute a toujours tourmenté les philosophes et autres professionnels intéressés, suscitant l’intérêt depuis le 19e siècle. 

Pour que l’homme sauvage ne fasse plus peur et devienne un être acceptable, l’intervention de la fiction était nécessaire, la création d’un héros comme Tarzan, capable de préserver son humanité tout en développant un corps athlétique et en acquérant des sens aigus.

Jean Itard s’est battu pour insérer Victor d’Aveyron dans la société française au début du XIXe siècle, a réussi à le guider et à prouver au psychiatre de renom Pinel que Victor pouvait devenir civilisé et indépendant.

 Les écrits d’Itard sur l’affaire ont été utilisés par Truffaut pour réaliser le film L’enfant sauvage. La figure de Victor, dans le film de Truffaut, reflète fidèlement la fascination que les «sauvages» exercent sur les «civilisés» et soulève le débat sur la manière de les éduquer.

À partir du film L’enfant sauvage de Truffaut, le problème éducatif des mineurs abandonnés est abordé, main dans la main avec le cinéma, encourageant les recherches du film sur les figures historiques fondamentales du film, ses protagonistes et d’autres situations similaires.

L’histoire de Victor d’Aveyron : L’enfant sauvage

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Un événement imprévu allait faire de lui le premier éducateur d’enfants inadaptés, au sens le plus large du terme. C’était l’arrivée à Paris du garçon sauvage de onze ans de L’Aveyron. 

Plusieurs fois aperçu, plusieurs fois capturé, il est entré un jour d’hiver dans une maison habitée, où il a été détenu pour être ensuite transporté à l’hospice de Rodez. Mais Victor resta un sauvage, fermé à toute sollicitation, et très vite la curiosité publique cessa de se concentrer sur lui. 

Jean Itard, qui décida spontanément de se consacrer à son éducation, ils admirent Victor à l’Institut des sourds-muets de Paris. Victor a passé plusieurs années de sa vie soigné et éduqué par Itard.

Jean Itard croyait profondément que Victor allait devenir un être humain comme les autres. Il croyait profondément à la possibilité d’éduquer Victor, il avait une attitude de confiance totale dans l’éducation des autres malgré tout. 

Jean Itard, premier éducateur d’enfants en difficulté d’adaptation

Les premières références à l’existence de cet enfant remontent à 1797, dans le secteur de Lacaune, Tarn. Dans cette région, au printemps 1798, un groupe de paysans l’attrapa. Ils l’ont habillé et lui ont donné le nom de «Joseph» et l’ont exposé à la vue du village sur la place publique de Lacaune. 

Peu de temps après, le garçon a pu s’échapper et a disparu dans les bois. Quinze mois plus tard, en juin 1779, il est repris dans la forêt et ramené à Lacaune.

De nouveau, il reçut des vêtements et de la nourriture et s’installa dans la maison d’une veuve. Il n’a cependant pas été là pendant plus de huit heures. Après ce temps, le garçon a trouvé un moyen de s’échapper à nouveau. 

À partir de ce moment, cependant, l’attitude du garçon a changé, alors qu’il commençait à errer dans les montagnes de la région et à s’approcher des fermes voisines à la recherche de nourriture.

Après plus de six mois d’errance dans la région, en janvier 1800 (année où il y eut un hiver particulièrement rigoureux), l’enfant sauvage se réfugia dans la maison d’un teinturier nommé Vidal, près de Saint-Sernin-sur- Rance en Aveyron.

Lorsque le garçon aux yeux sombres est arrivé à Saint-Sernin, il n’a pas parlé ni répondu pour se faire comprendre, mais a immédiatement réagi au bruit des branches cassées ou aux aboiements de chiens.

Il rejeta les aliments cuits, préféra les pommes de terre crues qu’il jeta au feu et les récupéra rapidement à mains nues, les dévorant pendant qu’elles brûlaient encore. Comme un animal habitué à vivre dans la jungle, le garçon semblait insensible à la chaleur et au froid extrêmes et déchirait les vêtements que les gens essayaient de lui mettre.

 Il semblait évident qu’il avait perdu ses parents dès son plus jeune âge ou avait été abandonné, mais c’était il y a si longtemps qu’il était impossible de le savoir. Pendant un certain temps, le garçon est apparu comme un phénomène intellectuel et social.

Les scientifiques face au cas de « l’enfant sauvage »

Les philosophes ont débattu de questions telles que la nature essentielle de l’être humain, questions qui, au cours des deux siècles suivants, sont devenues le fondement de l’étude du développement de l’enfant. 

Les qualités, les comportements et les idées qui définissent les êtres humains sont-ils innés ou acquis? Quel est l’effet du contact social au cours des années formatrices et sa carence peut-elle être surmontée? 

Une étude soigneusement documentée d’un enfant qui a grandi dans l’isolement pourrait fournir des preuves de l’impact relatif de la «nature» (caractéristiques innées d’un enfant) et de «l’éducation» (famille, école et autres facteurs sociaux d’influence).

Les scientifiques s’intéressent à l’affaire depuis le séjour du garçon en Aveyron. Ensuite, deux observations ont été rédigées. 

  • La première est due à Constant de Saint-Estève, érudit médecin français, commissaire du Directoire et membre de la commune de Saint-Sernin, qui fait partie de ceux qui ont attrapé le garçon. Cet homme est resté à ses côtés et l’a observé pendant de nombreuses heures. Son rapport sur le sauvage de l’Aveyron, rédigé le 22 janvier 1800, est le premier écrit.
  • La seconde est due à Pierre Joseph Bonnaterre, professeur d’histoire naturelle à l’école centrale de l’Aveyron. Ces deux écrits ont été publiés à Paris peu de temps après, Bonnaterre a inclus dans son document les quatre pages d’observations rédigées par Saint-Estève. 

Le Dr Jean Itard face à son opposant Philippe Pinel

Les jours suivants, entre le 10 et le 12 janvier, il fut envoyé à l’hospice de Saint-Afrique, puis à Rodez, le 4 février 1800. Il y resta jusqu’au 20 juillet, date de son départ pour Paris.

Le ministère de l’Intérieur, où il a été examiné par une commission de la Société des observateurs de l’homme, la première société anthropologique du monde

Dans celui-ci, un psychiatre nommé Philippe Pinel a fait valoir que le garçon souffrait d’une idiotie incurable. Mais Jean Itard, qui faisait partie des savants discutant du sujet, s’est opposé à l’idée.

Arguant que la situation d’abandon à laquelle il avait été soumis l’avait conduit à un tel état, et qu’un processus éducatif pourrait peut-être le réinsérer dans le monde.

L’école n’avait aucune expérience pédagogique avec des enfants fertiles, mais c’était la seule institution à l’époque consacrée à l’enseignement des langues dans des situations particulières.

Jean Itard à l’institut de Paris pour les Jeunes Sourds

L’Institut de Paris pour les Jeunes Sourds était alors dirigé par l’abbé Roch Ambroise Cucurron Sicard, qui était également membre de la Société des Veilleurs d’Hommes. 

A l’instigation de cette société, les autorités françaises ont été convaincues de soutenir une expérience scientifique pour observer le garçon à l’Institut de la jeunesse sourde.

Bien qu’il n’ait pas encore terminé ses études de médecine (ce qu’il fera en 1802), Itard avait été embauché à la fin des années 1800 par Sicard comme médecin d’institut.

Sicard décida de confier à Itard l’éducation du garçon, que le jeune médecin assuma entre 1800 et 1806, en tant qu’employé de l’Institut. C’est Itard qui a baptisé le garçon Victor.

Le garçon était, écrivait Jean Itard, « un enfant désagréablement sale … qui mordait et griffait ceux qui l’approchaient, qui ne montrait aucune affection pour ceux qui s’occupaient de lui, et qui, en somme, était indifférent à tout ce qui était attentif à quoi que ce soit »

Certains observateurs ont conclu qu’il était un « idiot », incapable d’apprendre.

La pédagogie de Jean Itard

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Jean Itard, cependant, croyait que le développement de Victor avait été limité par l’isolement et qu’il lui suffisait d’apprendre les compétences que les enfants de la société civilisée acquièrent normalement dans la vie de tous les jours. 

Jean Itard a ramené Victor à la maison et, au cours des cinq années suivantes, l’a progressivement «apprivoisé».

Il a d’abord éveillé la capacité de son propre élève à discriminer l’expérience grâce à un entraînement soigneux et progressif aux réponses émotionnelles ainsi qu’à l’enseignement de la morale, du comportement social, du langage et de la pensée.

Victor, malgré tout, à part quelques voyelles et consonnes, n’a jamais appris à parler.

De plus, il est resté totalement concentré sur ses besoins et ses désirs et, comme Jean Itard l’a admis dans son rapport final.

L’attention et les soins qui lui ont été apportés par la suite ont amélioré sa condition physique et sa sociabilité, mais les progrès ont été très faibles, une fois la phase initiale dépassée.

À cette époque, la puberté sexuelle du garçon s’est produite, ce qui a créé des problèmes supplémentaires pour son éducateur.

Les résultats satisfaisants de Jean Itard

Ses méthodes de travail avec Victor de l’Aveyron, résumées par Jean Itard dans deux livres publiés en 1801 et 1807, lui valent le mérite d’un pionnier dans le domaine de l’éducation spéciale

Le garçon a réalisé des changements significatifs dans son comportement, développé de l’affection envers ses instructeurs, est venu à reconnaître les noms de nombreux objets et à produire des sons sur le modèle des mots français avec une intention de communication correcte, mais il n’a pas appris à parler. 

C’était, cependant, le premier processus documenté d’éducation d’une personne dans de telles conditions.

Itard a esquissé, à partir de ses travaux, une définition de l’intelligence humaine en relation avec l’éducation. Si l’on considère l’intelligence humaine dans la période de la petite enfance, l’homme ne semble pas se démarquer au-dessus du niveau des autres animaux. 

Toutes vos facultés intellectuelles sont strictement confinées au cercle étroit de vos besoins corporels. Toutes les opérations de son esprit sont effectuées de lui-même. 

L’éducation doit alors les modeler et les appliquer à leur enseignement, ce qui signifie un nouvel ordre de choses qui ne sont pas liées à leurs premiers besoins. C’est la source de toute connaissance, de tout progrès mental et des créations des génies les plus sublimes. Tout degré de probabilité est basé sur cette idée,

Cependant, Victor était réfractaire à un processus de domestication total.

La poursuite du traitement de l’enfant sauvage

Entre 1801 et 1804, des doutes subsistent quant à savoir si l’administration française continuera à payer pour l’éducation de Victor, bien que le jeu ait été prolongé, bien que payé irrégulièrement. 

Parmi ces dates figurent les deuxième et troisième rapports d’Itard, dans lesquels il préconise la poursuite du traitement. 

Semblant vouée à être suspendue par résolution ministérielle, la décision est tronquée par le remplacement du ministre de l’Intérieur (Champagny par Chaptal). Le nouveau directeur assurait la perception régulière du salaire de Madame Guérin.

En août 1804, Itard met fin au traitement éducatif de Victor, bien qu’il continue à l’institution des Sourds-muets en se consacrant à l’enseignement des sourds-muets.

En mars 1811, Victor, en compagnie de Madame Guérin, qui recevait une rémunération du gouvernement français pour avoir pris soin de lui, fut transféré de l’établissement à un manoir voisin.

Malheureusement pour l’ampleur que le cas aurait pu avoir, les soins de Victor après Itard ont été nuls, il a été abandonné et dépouillé d’une éducation qui lui a permis des changements plus retentissants qu’il n’en avait obtenus avec son mentor. 

Sa seule protection était celle de Mme Guérin, dont elle ne semblait pas avoir suffi. 

Le naturaliste Jean-Jacques Virey rendit visite à Victor quelque temps plus tard, rencontrant un être effrayé, mi-sauvage et sans voix. Madame Guérin l’a pris en charge jusqu’à sa mort, alors qu’elle avait 40 ans, en 1828.

On ne sait pas si elle est morte d’une maladie physique ou de mélancolie.

L’apprentissage du sens morale

Jean Itard le décrit selon le processus suivant: «Étant donné que très peu d’aliments lui plaisaient, les obtenir en grande quantité était la chose la plus importante pour Victor. S’il était surpris en train de les attraper, il était réprimandé pour lequel il a commencé à les voler avec des ruses. On a répondu à ce comportement « avec le droit de représailles », de sorte que son vol a été puni en prenant quelque chose qui lui était propre et très désiré. 

Cela a semblé être un succès, car Victor a arrêté de voler. Mais avait-il acquis un sens moral du bien et du mal, ou avait-il seulement réprimé une manière d’agir par peur du châtiment? 

Jean Itard décide de le vérifier en le soumettant à un exercice très simple que Victor exécuterait sans doute correctement, mais pour lequel il ne sera pas récompensé, mais recevra une punition. 

Autrement dit, cela vous soumettra à une injustice. La réaction de Victor, face à son obéissance habituelle, il est violent, son indignation le conduit même à mordre la main de son maître. «C’était la preuve incontestable que le sentiment du juste et du fondement injuste, durable de tout ordre social, n’était plus étranger au cœur de mon éducation; provoquant en lui son développement, il venait de s’élever à la hauteur de l’homme moral, pour le plus exclusif de ses caractères et le plus honorable de ses attributs ».

Le cas similaire de Genie, l’autre enfant sauvage

Le cas de Genie, autre exemple de cruauté extrême largement étudié, analysé et enregistré avec des méthodologies modernes, a confirmé les effets néfastes de l’isolement et des abus en termes d’acquisition du langage. 

Genie, découverte en 1970 aux États-Unis à l’âge de 13 ans, avait non seulement été enfermée, ligotée et bandée de nombreuses fois depuis son enfance, mais avait également été punie par ses parents si elle émettait un son, linguistique ou non.

Une fois libérée, et après de grands efforts pour lui apprendre à parler, Genie ne pouvait communiquer qu’avec des phrases rudimentaires, telles que «J’aime l’éléphant mange des cacahuètes» .

Ces cas et d’autres, qui sont des «expériences» tragiques et cruelles, confirment l’importance d’un environnement linguistiquement propice à l’acquisition du langage, ainsi que le fait qu’il y a des limites à ce qu’un individu peut apprendre s’il ne grandit pas dans un environnement qui lui assurent un contact social, psychologique, émotionnel et linguistique. 

Pour apprendre une langue naturellement, les êtres humains n’ont besoin que de cet environnement propice pendant les années cruciales de la naissance à la puberté. 

Notre disposition génétique et le développement de nos capacités cognitives s’occupent du reste. Les cas d’enfants sauvages, qu’ils soient dus à la négligence ou aux abus, constituent des crimes contre l’âme humaine, ni plus, ni moins.

La vie de Génie après sa rencontre dans la société n’était pas agréable. L’équipe qui s’est occupée d’elle n’avait pas d’objectifs clairs sur sa performance, ils se sont battus entre eux pour gagner en notoriété, elle est passée d’une famille adoptive à une autre, ils se sont consacrés à enquêter sur elle pour leur propre bénéfice plutôt que de travailler pour son incardination en société. 

Genie, comme Victor, s’est retrouvé dans un centre de détention. Lorsque Genie, la fille que ses parents avaient gardée dans une cave, est apparue aux USA en 1970, elle s’appelait « The Wild Girl », comme Victor, dans le film de Truffaut qui venait de sortir. 

Toute l’équipe d’experts, médecins, psychiatres, linguistes et psychologues est allée voir le film de Truffaut et de là s’est consacrée pleinement à l’étude du cas, documenté par Itard au XIXe siècle.

Jean Marc Gaspard Itard, une pédagogie entre science et philosophie

Les clés de la pensée et du travail de Jean Itard

Jean Itard est confronté à un dilemme éducatif pour son temps et son époque : les contradictions entre les concepts «apprivoiser» et «liberté», ce qui donne lieu à sa réflexion sur la responsabilité éducative.

  • Un travail et une pensée qui mettent à nu les problèmes les plus profonds et les plus pressants de l’activité éducative:
  • Un engagement ferme pour éduquer: la conviction que les gens peuvent et doivent être éduqués
  • L’esprit scientifique et expérimental au service de l’éducation
  • Une imagination pédagogique infatigable.

Les inconnues d’Itard sur le social

  • L’individu est-il sociable par nature?
  • L’individu ressemble-t-il aux animaux s’ils partagent le même environnement dans lequel vivre?
  • En quoi le comportement de l’individu humain et celui des animaux sont-ils similaires ou différents?
  • Dans quelle mesure la vie sociale influence-t-elle l’individu?

Les inconnues de Jean Itard sur la pédagogie

  • Jusqu’où peut aller le désir d’éduquer?
  • Quelles limites peut-on fixer pour y parvenir?
  • Jusqu’où enquêter pour ne pas nuire aux individus?
  • Les moyens d’éduquer sont-ils toujours en accord avec les fins?
  • La volonté d’éduquer est-elle toujours et dans tous les cas absolument nécessaire?
  • Une pédagogie doit être scientifique? expérimental?

Quelques conclusions de Jean Itard

1. La société (y compris l’éducation formelle) est cruciale pour le développement humain.

2. Les gens apprennent à répondre à leurs besoins.

3. Les programmes d’enseignement devraient être basés sur la science.

4. Les programmes d’enseignement devraient tenir compte des caractéristiques individuelles de chaque élève.

D’une manière générale, Jean Itard s’interroge sur cette tension inévitable qui est au cœur même de la pédagogie, entre fins et moyens, entre «instruments didactiques» qui deviennent des moyens de réussite, et «recherche éthique» rappelant la responsabilité de l’éducateur avec le seul objectif qui soit totalement ça vaut le coup: la liberté.

Un point clé: Il s’agit d’un choix, « parier » sur un avis pédagogique et philosophique, scientifique. A Itard, la pédagogie est philosophie, anthropologie: c’est par la culture et l’éducation que l’espèce humaine devient humaine.

Itard croit, philosophiquement et pédagogiquement, à l’éducabilité du «sauvage». Elle trouve ses racines dans le travail de Jean Itard auprès des enfants sourds: la recherche incessante d’une éducation systématique pour pallier les carences que la nature leur a apportées.

Jean Itard croit inconditionnellement au principe absolu de l’éducabilité. Un modèle pour tous ceux qui s’occuperont du handicap et de l’éducation spéciale.

De Jean Itard à Seguin

Ce travail approfondit les liens qui existaient directement ou indirectement entre les médecins-pédagogues Jean Itard et Edouard Séguin, avec la pédagogue italienne Maria Montessori.

Séguin s’est consacré à l’étude de la médecine et de la chirurgie, après avoir été influencé par les expériences de Jean Itard.

Dans l’une des évaluations Montessori, on peut voir l’exaltation du travail réalisé par Séguin: «Nous, soussignés, sommes heureux de constater que M. Edouard Séguin, né à Clémence, a initié l’éducation d’un enfant avec le plus grand succès pratiquement muet et qui, en raison du faible développement de ses facultés intellectuelles et morales, semble être un idiot. »

«  En dix-huit mois, M. Séguin a appris à son élève à utiliser ses sens, à se souvenir, à comparer, à parler, à écrire, à compter, etc. Cette éducation a été réalisée par M. Séguin, à partir de la méthode de feu Itard, qui a été celui qui a inspiré son développement ».

Séguin a consacré une dizaine d’années à travailler avec les enfants de la ville de Paris, dans une petite école de la rue Pigalle. 

En utilisant la méthode d’Itard (qui était son élève principal) et en ajoutant ses propres contributions, il a réussi à éditer sa publication sous le titre de « Traitement moral, hygiène et éducation des idiots et autres enfants retardés », un texte qui allait devenir le livre sur l’éducation des retardataires.

De Jean Itard à Montessori

De son côté, Montessori s’est consacrée à étudier les méthodes développées par les deux Français afin de pouvoir les utiliser à son avantage: «Après avoir étudié les méthodes qui étaient utilisées dans toute l’Europe, j’ai entrepris mes expériences avec des enfants handicapés à Rome, les éduquer pendant deux ans. Pour cela j’ai été guidé par le livre de Séguin et j’ai aussi utilisé le trésor contenu dans les admirables expériences d’Itard et, suivant les indications des deux, j’ai fait fabriquer un matériel didactique abondant … J’ai moi-même obtenu des résultats surprenants de son application … »

Ayant pris confiance dans la méthode de Séguin, après avoir abandonné l’éducation des handicapés, «je me suis à nouveau consacré à l’étude des œuvres d’Itard et de Séguin … J’ai traduit en italien, du début à la fin, les écrits de ces auteurs, en les copiant de ma propre main … L’homme (Séguin) qui avait étudié les enfants handicapés pendant trente ans a exposé l’idée que la méthode physiologique, c’est-à-dire la méthode basée sur l’étude individualisée de l’élève et que, au regard de la pédagogie les procédures, tenant compte de l’analyse des phénomènes physiologiques et psychologiques, devraient également être utilisées dans l’éducation des enfants normaux, dont l’application entraînerait la régénération de la race humaine tout entière.Il me semblait alors que la voix de Séguin était celle d’un pionnier prêchant dans le désert, et j’imaginais l’immense importance d’une activité qui pourrait réformer l’école et l’éducation » (Montessori, 1909: 55-56).

Ici, alors, nous pouvons voir la chaîne d’idées et de processus donnée par les trois auteurs, qui dessinaient un chemin avec de nombreux éléments en commun. 

Maria Montessori et son inspiration

Maria Montessori confirme que trente ans après la publication du deuxième ouvrage de Séguin, il a rassemblé ses idées et son œuvre, de la même manière et avec le même dévouement que Séguin avait recueilli celles de son professeur Jean Itard, qu’il soignait avec une affection filiale ces dernières années des moments de sa vie.

Pendant dix ans, « j’ai mis en pratique, en y réfléchissant attentivement, l’œuvre de ces deux hommes admirables, qui s’étaient consacrés à la postérité, laissant à toute l’humanité la preuve la plus féconde de leur humble héroïsme » (Montessori, 1909: 59-60 ).

Se référer à Jean Itard et Séguin implique de faire allusion non seulement aux méthodes et techniques, mais aussi à certains postulats philosophiques qui servent de support à ces méthodes. 

Si Maria Montessori reprend les contributions des deux Français, cela ne veut pas dire qu’elle se consacre à en faire une simple application. 

Son adhésion aux postulats philosophiques et aux techniques correspondantes n’a pas été exempte de révision lors de leur prise en compte pour l’enseignement à la Casa dei Bambini.

Lettre écrite par Maria Montessori en 1926

«Il faut reconnaître que les descriptions détaillées d’Itard ont été les premiers essais de pédagogie expérimentale … que j’ai réalisé une partie de mes expériences à Rome, sur les handicapés, pendant deux ans, selon le texte de Séguin du trésor que le supposent les oeuvres d’Itard. Guidé par leurs tests, j’ai conçu et construit une grande quantité de matériaux.« 

 « Dans les mémoires d’Itard, on apprécie comment les moyens les plus proches exigés par les initiatives de la psychologie scientifique ont évité de transformer l’individu par des moyens extra-sociaux, qui en même temps rendent l’individu sourd-muet et idiot, alors qu’il est un homme qui entend et comprend la langue … »

«  Au fil du temps j’ai mis ma confiance dans ces méthodes et laissé mon activité dédiée aux personnes en difficulté, pour m’initier à l’étude des œuvres de Séguin et de celles d’Itard. J’ai retrouvé l’envie de méditer sur ses écrits et je les ai compilés, en italien, comme l’aurait fait un bénédictin dans le passé »

Le film adapté « l’enfant sauvage »

Film basé sur un véritable événement, il raconte l’histoire d’un enfant sauvage capturé dans les forêts françaises et confiné dans un institut de recherche. 

De vivre comme un animal libre, il devient un être rejeté, maltraité et vu comme un phénomène inhumain. Seul le Dr Jean Itard fera tout son possible pour faire de lui un être civilisé en l’emmenant chez lui.

 Au bout d’un moment, le garçon se retrouvera perdu entre son désir de retrouver sa vie sauvage et sa nouvelle étape avec son protecteur.

Jean Itard le professeur imminent aujourd’hui méconnu

Malgré l’échec de son projet, Jean Itard a insisté sur la validité de son hypothèse environnementale. L’importance de son travail ne résidait pas dans le succès de l’éducation de Victor, mais dans le fait qu’il avait essayé d’éduquer le garçon. 

Il a été le premier médecin à avoir proposé la méthode de compensation du retard causé par la privation sociale par un traitement pédagogique.

Non seulement il consacra l’étude du côté physiologique de la surd-mutité, mais Jean Itard est universellement considéré comme le fondateur de l’oto-rhino-laryngologie

Se former Montessori handicap