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Victor, l’enfant sauvage d’Aveyron


Son histoire a donné lieu à un film célèbre: L’enfant sauvage de François Truffaut (1970). Victor de l’Aveyron est un jeune garçon, découvert dans un bois près du village de Lacaune en 1797, complètement nu, ne sachant ni lire, ni parler, ni se tenir droit. 

Découverte. Un bruit coule à l’hiver 1797, dans le village de Lacaune. Les habitants ont vu un enfant, complètement sauvage, dans les bois. Il est nu, traîne avec les animaux et se nourrit de glands et de feuilles. Les semaines passent et la rumeur se redouble, au point de devenir une information. Alors, que devrais-tu faire? Le laisser où il se trouve ou le capturer? À l’été 1799, la décision est prise: une poignée de volontaires se rend dans les bois pour le capturer. On le retrouve dans un fourré, nu et sale, grognant, à quatre pattes et voûté, incapable de se tenir debout. Le garçon est contraint de retourner au village. Enfermé dans une grange, il devient rapidement une sorte d’attraction. Nous venons de tous les villages environnants pour le voir. Confié enfin à une veuve du village, il parvient à s’échapper et retourne dans les bois.

Après ce premier contact avec la civilisation, le «garçon sauvage» sera moins craintif. Depuis qu’il a fui le domicile de la veuve, il ne se cache plus complètement. De temps en temps, on le voit venir réclamer des pommes de terre aux paysans. Un matin, il se présente dans une boutique de teinturier dans un village de l’Aveyron. Les autorités sont prévenues, l’histoire remonte à Paris où Lucien Bonaparte, alors ministre de l’Intérieur, décide de rapatrier l’enfant dans la capitale. Dès lors, la vie de celui surnommé «l’enfant sauvage» va basculer.

 

L’arrivée à Paris.

 A Paris, il est d’abord exposé et montré à des foules pressées de voir cet étrange garçon d’une dizaine d’années qui grogne et ne se lève pas. Mais rapidement, il est confié à un médecin: le Dr Philippe Pinel, une progéniture de l’époque. Il pratique sur l’enfant toute une batterie de tests. Le professionnel de la santé essaie les méthodes utilisées par les sourds-muets pour s’exprimer. Malgré la volonté du médecin, rien n’y fait. L’enfant ne sait pas ouvrir une porte, ne sait pas se tenir sur une chaise et il émet un seul son: “o”. Pour le Dr Pinel, cet enfant est stupide de naissance, il n’est pas devenu idiot, et c’est probablement pour cela qu’il a été abandonné dans les bois.

Les quatre ans avec le Dr Itard. 

Un autre médecin veut examiner l’enfant: Jean Itard. Son défi? Pour éduquer l’enfant à faire un homme, il veut démontrer que l’on devient civilisé en apprenant. Il rebaptise l’enfant et l’appelle Victor. À son tour, le Dr Itard mène une batterie de tests. Pour le médecin, Victor a un problème essentiel: la sensibilité. Il ne réagit pas à un tir, mais saute dès qu’une noix est cassée derrière lui. Jean Itard commence alors à lui apprendre la chaleur, il chatouille pour réagir, il laisse tomber des gouttes d’eau dans son bain pour voir sa réaction, etc.

Jean Itard fait de réels progrès avec Victor. Il parvient même à lui faire prononcer le mot «lait». Mais Victor ne parle pas, ne sait pas lire. Il sait comment obtenir un couteau quand on lui montre un dessin de couteau, mais rien n’est instinctif. Après quatre années entièrement consacrées au jeune garçon, Jean Itard rédige un dernier rapport, 80 pages, puis passe à autre chose. Victor terminera ses jours avec une gouvernante, qui le suivra toutes ses années aux côtés des médecins. Il mourut à Paris en 1828, sans savoir parler, ni lire, ni écrire.

De nombreux spécialistes, a posteriori et alors que la médecine a progressé, ont étudié le cas de Victor de l’Aveyron. Avec le recul, ils pensent que Victor était probablement sujet à une forme d’autisme, ou à une psychose de l’enfance. Rien ne prouve, en effet, qu’il a grandi pendant des années dans les bois. Lorsqu’il a été découvert en 1797, il se peut qu’il n’ait été abandonné que pendant quelques jours. Un mystère pour toujours.

 

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